segunda-feira, 31 de dezembro de 2018
Este é um primeiro texto em francês que coloco aqui no blog. Espero que ele sirva para ampliar o universo de leitores e, talvez, possa ser útil a cineclubistas que não compreendam o português. É um trabalho apresentado no seminário Cinema Ampliado, dirigido por Olivier Asselin, na Universidade de Montreal, trabalhando as idéias de imagens de lugares e lugares de imagens. Eu quis apresentar o conceito e a origem dos cineclubes sob uma abordagem que não é corrente no meio acadêmico, especialmente na órbita desse idioma.
Cinéclub, lieu d’hégémonie du public
Cinéclub, lieu d’hégémonie du public
Ce travail prétend présenter le cinéclub comme une
institution crée par le public visant l’appropriation du cinéma. Pour le faire,
je dois situer et décrire historiquement l’avènement des cinéclubs, phénomène
qui s’étale concomitamment à la formation du public et du développement du
cinéma.
Cinéclub et cinéphilie
Ces idées vont à l’encontre d’une conception plus
répandue qui voit le cinéclub comme un lieu, presque une occasion, pour une
appréciation spécialisée du cinéma exclusivement comme langage, un culte
esthétique fait par des spécialistes, les cinéphiles.
L’idée de la cinéphilie conçue comme privilège de spécialistes s’est consolidée
dans les années vingt en parallèle et résultant des plusieurs initiatives de
mise en valeur du cinéma en tant qu’expression artistique, d’ailleurs à juste
titre. Ricciotto Canudo luttait depuis plus d’une décennie – son premier
texte, La naissance d'un 7e art - essai sur le cinématographe, est de 1911
-, mais l’idée et l’expression furent reprises dans plusieurs opportunités, et
donnèrent le nom à son cinéclub, le Club des Amis du 7e Art, de
1921, ainsi qu’à la revue Gazette des
Sept Arts qu’il fonda l’année suivante. Dans ce même registre, on associe
souvent Louis Delluc à l’invention du vocable cinéclub, d’après son Journal du Ciné-Club, publié en 1921 et
lancé avec des séances de films qui visaient consolider un public pour la
publication[1].
Ces deux personnalités sont souvent considérés comme les fondateurs du cinéclubisme – d’ailleurs un terme qu’on
n’emploie pas en français, nonobstant que le clubisme soit reconnu depuis la
fin du 18e siècle.
Même si je questionne toutes ces assomptions, il faut
reconnaitre que Canudo, Delluc et d’autres critiques et réalisateurs
qu’animaient et participaient de ces activités à l’époque, ont contribué
décisivement pour l’institutionnalisation du cinéclubisme. Le mot institutionnalisation est bien choisi,
car il signifie un peu la reconnaissance des cinéclubs par les institutions
sociales, mais surtout celle des cinéphiles, hérauts de la cinéphilie conçue
comme une habilité cultivé, lettrée même : une conception élitiste. C’est
aussi un processus d’institutionnalisation comparable à celui qu’on identifie
dans les années de transition[2] du
cinéma vers une forme narrative consolidé et une organisation de tous ses
éléments – production, distribution, diffusion, réception – selon un modèle
commercial hégémonique. Comme je prétends le démontrer, les années vingt
représentent surtout une période d’institutionnalisation des cinéclubs – surgis
bien avant cette époque -, analogue, sur plusieurs aspects, à celle
expérimentée par le cinéma.
À la fin du siècle, suite à une profonde rénovation de
l’historiographie du cinéma et aux rapides transformations des technologies et
pratiques cinématographiques, plusieurs nouveaux sujets, voire des disciplines,
surgirent : parmi ceux-là, la cinéphilie fut récupérée, acquit un nouveau
statut. Cela se doit principalement aux articles d’Antoine de Baecque et
Thierry Frémaux (1995), La cinéphilie ou l'invention d'une culture, et de Christophe Gauthier (1997), De la Tribune libre du cinéma au congrès de La
Sarraz – La naissance du protocole cinéphile.
Ces deux textes furent postérieurement incorporés à des livres de Gauthier
(1999) de De Baecque (2003), suivis par une vague d’autres écrits sur aspects
variés du sujet et même proposant différentes
ou nouvelles cinéphilies – comme celles attachées à d’autres médias
audiovisuels.
Les
deux textes mentionnés s’appuient sur les analyses des deux périodes
considerées comme des âges d’or de la
cinéphilie : les années vingt (Gauthier), de la première avant-garde
française au cinéma, et les années cinquante (De Baecque et Frémaux), marquées
par la Nouvelle Vague. Pendant que le premier développe la notion de protocole cinéphile, c’est-à-dire, un ensemble de caractéristiques
(fréquence, débat, existence d’un tuteur, publications) des séances des salles
spécialisées – des cinéclubs et des cinémas d’art et essai -, les derniers
décrivent une sous-culture : « un
système d’organisation culturelle » plutôt formalisé, qui engendre des
« rites de regard, de parole et
d’écriture ». Ce sont ces éléments qui prédominent dans la
compréhension plus répandue de cinéphilie : une (sous-) culture de
spécialistes – les cinéphiles - qui s’exprime par des moyens
« cultes », surtout l’écriture, souvent sous la conduction d’un tuteur,
d’un auteur. Dans mon mémoire, Le
cinéclub comme institution du public : propositions pour une nouvelle histoire,
j’ai associé ce genre d’analyse au sophisme du quaternum terminorum, c’est-à-dire, à l’introduction d’un quatrième
terme dans un syllogisme, ou d’un sens différent d’un les termes des
propositions, ce qui compromet la conclusion. Ces auteurs amalgament la
cinéphilie des auteurs des Cahiers du
cinéma et celle des amateurs de péplums ou des autres nombreux fandoms existant sous ce large parapluie;
le gout du cinéma de Delluc et celui des milliers d’adhérents du circuit des
Amis de Spartacus[3]
– multitude que, d’ailleurs, Delluc méprisait.[4] Surtout,
ils oublient que les salles ou situations qu’ils prennent comme exemple de
cinéphilie sont une infime minorité parmi celles créées par le public à la même
époque. De Baecque analyse ce qu’étaient les pratiques de peut-être une
douzaine de salles à Paris; après la guerre, en France seulement, il avait
environ dix mille cinéclubs organisés dans des différentes fédérations. Le même
argument sert pour les salles choisies par Gauthier – même s’il connait très
bien d’autres exemples et même les mentionne ailleurs -; les milieux populaires
et ouvriers avaient déjà ses cinéclubs, avec des dizaines, voire centaines de
milliers d’adhérents. Frémaux et De Baecque, vont jusqu’à affirmer que la cinéphilie parisienne fut
« un lieu très original – le seul au
monde à vrai dire – de légitimation culturelle du cinéma », au moment
où les cinéclubs se multipliaient en toute l’Europe, avec la fin de
l’occupation et le retour de la démocratie; à New York, où le fameux Cinema 16
(1947/1963), de Amos et Marcia Vogel, préparait les futurs exploits du cinéma
d’avant-garde américain, et partout dans le monde. Tout comme pendant la
deuxième décade du siècle, quand on reconnait déjà des cinéclubs partout en
Europe et dans les Amériques. En cette même période furent créées les Workers
Film Leagues, réseaux de production et diffusion de pellicules dans des cercles
ouvriers de cinéma de l’Europe, des États-Unis, du Japon, entre autres.
En outre, cinéclub, dans ces plusieurs graphies[5],
est un nom qui surgit bien avant les années vingt et pas seulement en France.
Possiblement le premier usage fut ce d’Edmond Benoit-Levy[6]
qui, voulant aussi valoriser le nouveau média, créa sous ce nom un groupe de
gens de l’industrie naissante dans la salle parisienne de l’Omnia Pathé, en
1907. Mais un chercheur cinéclubiste, Gabriel Rodriguez Alvarez, mentionne
(2002) aussi un Cinematographo Ciné-club, plutôt lié à la valorisation d’une
salle de diffusion, en 1909 au Mexique. Même dans les contrées du Nord-est
brésilien, dans la ville de Sobral, état du Ceará, on trouve un Cinema Club, en
1912[7].
Mais la tradition des clubs, et leur
association à la politique et aux manifestations culturelles et artistiques
constitue une longue histoire.
En fait, dans l’histoire, les réunions et assemblées
ont été souvent associées à des fêtes et à des spectacles. En d’autres
mots : on peut reconnaitre un rapport historique entre représentation
politique et représentation artistique ou culturelle. Peut-être l’exemple le
plus connu ce serait celui des études des salons littéraires du 18e
siècle, compris comme des sphères
publiques – l’Öffentlichkeit
d’Habermas -, espaces d’élaboration d’une l’opinion publique hors de
l’appareil étatique strictu sensu.
Mais cette lignée se perd dans les temps, depuis au moins les assemblées
médiévales, comme les thing de
tradition nordique. Les salons littéraires français et les gentlemen’s clubs britanniques étaient descendants et émules des
cours monarchiques et des cafés élégants de la noblesse et de la bourgeoisie;
les clubs plébéiens ont ses racines dans les sociétés populaires de la
Révolution française, les cafés (dans la souche française) et les tavernes
(pour l’Angleterre, l’Allemagne et autres pays) plus populaires. Les clubs
révolutionnaires s’occupaient de plusieurs aspects de la vie de ses
arrondissements : des questions d’éducation, de formation, de genre. Et les cafés et tavernes étaient
lieues de chants et déclamations, mais souvent fournissaient l’occasion à des
initiatives d’aide mutuelle, d’autodéfense et de conspiration politique. Le
long du 19e siècle, ces institutions et pratiques populaires
évoluent vers des formes plus organisées, comme les friendly societies et les working
men’s clubs britanniques ou comme plusieurs formes d’organisations
d’éducation laïque qui se sont développées en France.
E.P. Thompson, dans son The Making of the English Working Class explique et donne nombreux
exemples de cette complexification des pratiques et institutions créées par le prolétariat
alors encore en formation. Un cas exemplaire est celui d’une société nommée Free and Easy (Libres et désinvoltes,
dans la traduction française), créée en 1807 et qui se réunissait tous les
mardis à la taverne The Fleece, rue
Windmill. Or, Free and Easy est aussi
le nom donné à ce genre de taverne, où les clients fournissaient leurs propres
divertissements. On nomme aussi free and
easy or sing-songs ce genre
plutôt informel de musique qu’on y jouait. Selon Max Haymes (1992),
historien anglais du blues, ces
pratiques aboutiront plus tard à la forme plus achevée du music-hall anglais.
Les Free and Easy font exemple,
alors, de ce processus qui est concomitamment à l’origine des syndicats et des
partis politiques, de plusieurs formes de spectacles, surtout de scène, et
d’organisations ou institutions associatives dédiées à la culture.
Si nous suivons cette piste – A. Gaudreault
les nommerait peut-être de séries
culturelles (2008, p. 114-116) – vers le milieu du siècle on trouve déjà
des formes beaucoup plus évoluées, comme les clubs ouvriers. T.G Ashplant
(1981) montre la curieuse trajectoire de ces institutions. Crées initialement
par des entrepreneurs réformateurs - visant surtout le contrôle de l’alcoolisme
parmi ses employés -, les Working Men’s
Clubs furent accaparés par les derniers et, après accords passés avec les
brasseries, ont pu vendre les bières à des prix beaucoup plus abordables
qu’ailleurs. C’est la raison initial de leur succès : vers la moitié du
siècle, les clubs se nombraient par milliers en tout le royaume et dans ces
colonies – comme le Canada. Mais ils se constituaient plus largement comme des lieues
de rencontre et de divertissement, agissant comme institutions politiques
ouvrières, comme espaces de formation et d’éducation et finalement, comme
circuits de présentations artistiques – musicales, théâtrales, entre autres. Karl
Marx et Friedriech Engels reconnaissent l’importance de ce genre de clubs parmi
d’autres organisations politiques dans leur Address
of the Central Committee to the Communist League, en 1850 :
« Alongside the new official governments they (the
workers) must simultaneously establish
their own revolutionary workers’ governments, either in the form of local
executive committees and councils or through workers’ clubs or committees, so
that the bourgeois-democratic governments not only immediately lose the support
of the workers but find themselves from the very beginning supervised and
threatened by authorities behind which stand the whole mass of the workers. » (Marx, 1850).
L’épanouissement des clubs et la
constitution d’un énorme réseau de lieux où les groupes ouvriers amateurs pouvaient
se présenter permit et mena à leur professionnalisation, ainsi qu’au
développement des formes de présentation - des décors et des scènes aux
contenus des spectacles - et, dernièrement, à leur autonomie envers ces
organisations. Les activités d’éducation et de formation incluaient des cours
de rhétorique, des « représentations politiques » - sous forme de
tribunaux où l’on jugeait des sujets du moment –, des conférences et des débats.
Ces conférences étaient souvent illustrées d’images de lanternes magiques.
Avec l’avènement du cinéma, il
fut graduellement mais rapidement adopté et adapté aux activités des
organisations ouvrières. Les actions éducatives et pastorales menées surtout
par l’église catholique – du côté des pays où cette religion était prédominante
- dans ces mêmes milieux populaires, avaient déjà une longue tradition d’usage
des lanternes magiques[8];
elles aussi ont rapidement adopté le cinéma. Telles sont les racines plus
anciennes des cinéclubs.
Raymond Williams (1960, p. 346)
et E.P. Thompson (1963, p. 423) rappellent que c’est l’apanage de la classe
ouvrière de créer des institutions collectives et démocratiques, en opposition
à la marque de la bourgeoisie (Weber, 2004), qui est celle de l’individualisme,
de l’entrepreneurship. Or, le cinéma
se développait comme entreprise capitaliste. Même s’il fut au début surtout
adopté par un public des milieux populaires, ouvriers, de migrants et d’immigrants
pauvres, le cinéma présentait surtout une vision extérieure à ces
milieux : celle de l’entreprise de production, voire de son propriétaire.
Les films ne reflétaient pas l’expérience et la vie du public : les
migrants d’autres régions du pays ou les immigrants (qui étaient environ 40% de
la population des plus grandes villes américaines) étaient souvent montrés
comme des ploucs, des rustres; les femmes comme des figures diaboliques,
séductrices, ou bien simplettes; les grévistes et autres activistes – à
l’époque où l’on se battait pour la journée de 8 heures ou pour le droit de vote
pour les femmes – comme des dangereux malfaiteurs sans scrupules (Burch, 2007,
p. 121-136). Avec l’avènement des salles fixes – sur le modèle du nickelodeon[9]- surgit aussi un nouveau type de lieu
de rassemblement, publique, dont le contrôle fut, alors, disputé. L’expérience
prolétaire des espaces communs, aux États-Unis comme en Europe, était investie
des mêmes objectifs:
« In the late nineteenth century,
multi-purpose public halls and saloons with assembly rooms were a central
institution of working class culture and common in many immigrant
neighbourhoods in urban America. (…) public
meeting halls functioned as centers of working class sociability… (creating) a
sense of dignity in trade unions, mutual aid societies and religious
congregations. … The culture of meeting halls gave rise to a collective spirit
of independence and grass-roots democracy as well as new forms of organization
and sociability. It led to the formation of a public sphere… distinct from the
dominant WASP model… » (Thissen,
2012, p. 299-300)
Le public réagissait aux films
qui étaient présentés dans les salles hors de leur contrôle : par des
huées, des chansons, des tumultes. Les secteurs plus indignés ou plus organisés
faisaient le boycott des films qui dénigraient leur ethnie, leur culture, leur
classe sociale. On produisait ses propres séances, on louait des salles pour
organiser des évènements politiques ou sociaux avec des projections
cinématographiques. Un peu partout dans le monde les organisations ouvrières promouvaient
des différentes activités avec le cinéma. Des formes d’organisation
qu’on pouvait appeler protocinéclubistes :
« … working-class
audiences revolted against the anti-labour, anti-left images they saw at the
movies. Their revolt assumed several forms: some movie patrons registered their
anger by walking out of or boycotting theaters that showed politically
offensive films; others struggled to control exhibition by renting or opening
their own moving theaters; still others attempted to take audience reception to
its ultimate level by producing their own movies. » (Ross,
1999, p. 92)
En 1911 des militants
socialistes et féministes créent un Working Class Theatre, à Los Angeles,
« résultat de la rébellion du public »
et pour diffuser des films qui montrent leur « vrai vie ». Mais c’est
en 1913, à Paris, qu’on va trouver l’exemple le plus documenté de la
constitution d’un cinéclub : le Cinéma du Peuple. Il fut constitué sous
forme de coopérative, sans but lucratif. Son objectif était créer un cinéma du
peuple, par opposition à ce qu’était offert aux travailleurs. Sa divise semble
toujours actuelle : « Amuser,
instruire, émanciper ». Malgré sa courte durée – il disparait avec le
début de la Grande Guerre - le Cinéma du Peuple a produit plusieurs films, dont
certains ont été préservés, comme par exemple « La
Commune! Du 18 au 28 mars 1871 ». Le dernier plan du film présente les survivants de la
Commune – 40 ans après.
Cinéclub
et public
Le public cinématographique est
lui-même produit de ce conflit. Ce que nous pouvions appeler le public moderne se constitue
simultanément au développement du cinéma dit institutionnel. Tout comme la
période de transition se définit par l’établissement final des caractéristiques
d’un cinéma hégémonique, avec une narrative linéaire d’inspiration littéraire,
des modalités de production, distribution et diffusion organisés selon les
formes d’appropriation et les techniques économiques capitalistes, elle
engendre aussi, à sa fin, une réception passive, apprivoisé et inerme. Si le public du cinéma est initialement
attiré par la curiosité, par l’inédit et par le surprenant - la cinématographie d’attractions selon
Gaudreault et Gunning -, il est seulement avec les salles à bas prix qu’il
devient effectivement un public de masses. C’est là une première
condition : les femmes et les enfants non seulement font partie de ces
masses qu’affluent aux salles, mais en constituent même la majorité. Pour la
première fois dans l’histoire, ces segments de la population occupent un espace
public. Mais cela n’est que le début : les réactions et initiatives des
publics, décrites plus haut, se sont heurtées à des actions de sujétion et de
contrôle par l’industrie : pendant cette période se sont établies
institutions et pratiques répressives – la censure, le contrôle du public para
les ushers[10]
-, des réformes – architecture, localisation, prix des entrées des palaces –,
en plus du développement du langage et du film vers un produit final optimum
pour le nouveau marché. Le
triomphe, si l’on peut dire, mais aussi le développement de la narrativité, la
forme la plus décisive d’immersion du spectateur dans le monde représenté dans
le film, la création de cet espace diégétique s’explique par le dialogisme; en
d’autres mots, par le conflit de différents lexiques qui, d’après Bakhtin, est
le chemin de la fixation des sens – tendanciellement vers l’hégémonie des
intérêts des classes dominantes.
Jusqu’à aujourd’hui, la
lutte de classes autour du nickelodeon fut probablement la période la plus
conflictuelle d’intégration d’une nouvelle technologie au sein des rapports
sociaux. Le cinéma oscilla pendant une vingtaine d’années[11]
entre objet de curiosité, outil scientifique, instrument de documentation,
divertissement, pour finalement s’établir, à un tout autre niveau, comme un
langage et un dispositif de médiation sociale. Ces deux niveaux sont des
espaces évidents de conflit de classe, entre les intérêts du capital et ceux du
public. De cette bataille, pleine de mouvements d’occupation, de résistance et
de réappropriation[12],
résulta la consolidation du modèle triomphant d’exploitation de la nouvelle
marchandise avec l’apprivoisement du public établi concomitamment. Un public
qui n’était plus celui formé par un ou par quelques segments de la population,
mais qui rassemblait toutes les classes. Du contrôle du public et de son expansion résulta la
constitution d’un nouveau public. Ce nouveau public, que Kracauer appela le Weltstadt-Publikum[13],
le public cosmopolite homogène,
constitue désormais la base fondamentale des rapports avec le cinéma institutionnel
des classes dominantes.
Au contraire de ce que prône une
cinéphilie élitiste, le cinéclub est le lieu de la cinéphilie de l’homme ordinaire organisé pour s’approprier du
cinéma. Il est l’institution crée par le public pour contrer un cinéma perçu
comme instrument d’aliénation et domination. Le cinéclub est une double hétérotopie, suivant l’idée
de Foucault[14] :
une inversion de la salle de cinéma qui serait déjà une espèce d’inversion de
la représentation du monde. Le cinéclub est aussi une sphère publique où se
produit, justement, un processus méthodique d’interprétation du monde. Ou,
comme pour Gramsci, un appareil d’hégémonie : une institution créée par le
public qui génère des valeurs qui disputent ceux des appareils dominants.
Le cinéclub est l’envers,
l’opposé du cinéma commercial. Ses caractéristiques ont des racines dans une
longue tradition d’associationnisme populaire, plutôt que seulement dans le
cinéma. Dans la conception
devenue plus usuelle de cinéphilie, le concept même de cinéclub fut sélectionné et approprié - incorporé, dans le sens que donne
Raymond Williams (Williams, 2000, p. 143-149 ; 2011, p. 42-68) à ce
dernier terme - par une lecture « cultivée » qui lui attribua une
caractéristique élitiste et un rôle plus ou moins secondaire parmi plusieurs
pratiques dites cinéphiliques. Il n’en est pas rien de cela. Les
caractéristiques du cinéclub se sont organisées sur une expérience historique;
en même temps qu’elles décrivent complètement des cinéclubs, et conséquemment
les caractérisant pleinement, elles leur
sont aussi exclusives : on ne les trouve pas réunies dans n’importe quelle
autre activité ou institution.
Qu’est-ce
qu’un cinéclub?
Le cinéclub est une association
collective, démocratique et ouverte entre égaux, dans une communauté; il n’a
pas de finalité lucrative, et il se propose comme objectif l’appropriation du
cinéma. Il faut préciser que communauté est
tout collectif avec des traits et/ou intérêts communs : les habitants d’un
quartier ou d’une ville, les travailleurs d’une fabrique ou d’une quelconque
entreprise; un groupe avec des problèmes, besoins et intérêts communs, qu’il
s’agit d’une ethnie, d’un genre, etc., ou d’un groupe qui partage des intérêts
et goûts similaires, comme la littérature, la psychanalyse ou le péplum. S’approprier du cinéma, aussi, comprend
plusieurs situations et possibilités, allant du simple accès – dans des
situations ou le cinéma n’est pas accessible (prix, géographie, etc.) – aux
besoins d’information, de formation, de connaissance, d’appréciation, de
jouissance. Évidemment, dans la plupart des situations concrètes, ces
conditions se trouvent souvent mélangées en différents niveaux.
Mais, si nous avons ces trois
caractéristiques – l’association démocratique, sans but lucrative et qui vise
l’appropriation du cinéma – il s’agit de cinéclubs. Partout dans le monde et à
n’importe quel moment ou contexte historique, culturel et social du dernier
centenaire. Par contre, on rencontre d’autres différentes formes d’organisation
des rapports entre publics et cinéma. Et, ce qui est de plus en plus commun,
fréquemment on les nomme indument cinéclubs. Un service de diffusion de films
d’une institution éducative, par exemple. Il atteint une communauté d’étudiants
et il facilite l’appropriation du cinéma, mais il n’est pas démocratique, dans
le sens que les responsables ne sont pas élus, choisis par ses égaux, mais
nommés par une institution. Une salle d’art et essai est souvent considérée
comme un temple de cinéphilie semblable à un cinéclub, mais elle cherche des
profits, en plus de n’être pas vraiment démocratique. Aujourd’hui il en a même
des programmes de télévision nommées cinéclubs, marque qui sert à accroitre
leur valeur marchande; en certaines occasions on appelle présenter ou faire un
cinéclub à une simple séance d’un film « plus intellectuel ».
Pourtant, ces trois
caractéristiques développées historiquement constituent aussi comme qu’un
paradigme qui se reproduit ou qui influence de façon importante d’autres institutions
– postérieures aux cinéclubs – qui se trouvent plus ou moins hors de la
mouvance de l’industrie. Et ce même dans d’autres médias et dans la nouvelle
organisation numérique de l’univers communicationnel. La plupart des
cinémathèques du monde entier se sont organisées directement à partir de
cinéclubs. Même si la critique cinématographique a ses origines dans les
premières publications dites corporatives, elle s’est transformée assez
profondément depuis les écrivains cinéphiles des années vingt et de ceux de
l’après II Guerre Mondiale. Les études cinématographiques se sont aussi
développées d’après les expériences des cinéclubs des années cinquante. Le
cinéma amateur nait avec cette production de résistance du début du siècle
dernier, que nous avons mentionnée; en face de l’initiative d’incorporation par
l’industrie – avec le lancement des supports en 9,5 et 16mm, dans les années
vingt – des clubs de réalisateurs se sont constitués sur le modèle des
cinéclubs. Le cinéma amateur, expérimental, souvent les avant-gardes et
mouvements rénovateurs du cinéma dans toute son histoire naissent ou gravitent
autour des cinéclubs. On a souvent identifié même l’origine du cinéma
documentaire avec la production du Cinéma du Peuple. Et est-ce qu’il y aurait
un cinéma documentaire américain indépendant sans les Workers Leagues? À la
limite, avant le numérique, les cinémas nationaux des pays où il n’existe pas
une industrie cinématographique vraiment développée, tournent eux-aussi autour
d’un ou des cinéclubs qui constituent les sources de rassemblement et de
formation des techniciens nécessaires à la production d’un film; dans ces cas
les cinéclubs forment aussi le chaudron où se mélangent les éléments qui
produisent la culture cinématographique nationale de ces pays.
Si les technologies
cybernétiques ont transformé profondément les rapports sociaux et politiques entre
le public et l’image, il est néanmoins possible d’observer que les principes
fondateurs des initiatives ou organisations indépendantes dans la web
commencent aussi par les mêmes énoncés que j’ai associé à la définition de
cinéclub : associationnisme démocratique sans but lucratif visant s’approprier
des contenus audiovisuels.
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Notes
[1] « À feuilleter les premiers numéros du Journal du ciné-club, on éprouve l’impression que les promoteurs
s’intéressent avant tout au journal et que le ciné-club constitue pour eux le
moyen de créer et d’élargir un public pour leur journal. » (Tariol,
1965, p. 33-34 – cité par Gauthier, 1999, p. 32)
[2]
Les termes cinéma de transition et d’institutionnalisation sont presque
interchangeables : ils décrivent la période entre 1905/1907 et 1914/1917 –
selon différents auteurs – de passage des biens connus modèles de cinématographie d’attractions au cinéma institutionnel (Gaudreault,
Gunning et autres).
[3]
Le Club des Amis de Spartacus fut un cinéclub crée en 1928 par des
intellectuels et militants ouvriers, sous influence de la III International
Communiste. Des clubs sous la même dénomination se répandirent en circuit un
peu partout en France, avec des dizaines de milliers d’adhérents.
[4].
« Dans un affreux petit cinéma de
Clermont-Ferrand, j’ai vu la sensibilité populaire. Le charme de l’écran
épanouit violemment le gout des foules si rebelles à se laisser cultiver par
tout autre art. Quelques centaines d’ouvriers et femmes simples s’attachèrent à
la délicatesse d’un petit film japonais, sans action, fait de gestes, de fleurs
et de papiers décorés. Après quoi un épisode de Cœur d’héroïne avec Irène et Vernon Castle. Vous croyez
peut-être que ce public s’émut surtout du drame ou de ses péripéties
feuilletonesques? C’est à peine s’il y prit garde. Il vécut une heure de joie
rien que pour les robes d’Irène Castle, l’harmonie des ameublements et la grâce
remarquable des accessoires » (Delluc, 1985, p. 73 – citée par Burch,
2007, p. 60).
[5]
Le mot cinéclub – avec une graphie très semblable dans toutes les langues
latines - est un vocable universel, compris partout dans le monde et très
souvent employé même dans les langues qu’ont ses propres équivalents :
film society, circolo de cinema, kino club, eiga kiboru, etc.
[6]
Entrepreneur associé à la compagnie Pathé, directeur de la revue Phono-Ciné-Gazette et de la première
salle fixe de cinéma à Paris, l’Omnia Pathé, de 1907. Grand promoteur du nouvel
art, il fut impliqué dans la création de la Société du Film d’Art et de la SCAGL
en 1908
[7] Il y a une copie du journal
de ce Club dans la Biblioteca Nacional du Brésil.
[8]
Invention créditée aux jésuites, les lanternes magiques furent utilisées, par
exemple, dès la fin du 17e siècle dans la région des Missions, en
Amérique du Sud, pour influencer les autochtones.
[9]
Ce modèle consistait en la présentation continue d’un programme – une
demi-douzaine de films courts (une bobine) de différentes modalités (actualité,
comique, etc.) – avec des prix abordables. Le programme durait plus ou moins
une heure et les séances étaient répétées du matin au soir. Le nom nickelodeon
vient de nickel, la monnaie de 5
cents du dollar américain et d’odeon,
petit amphithéâtre couvert en l’ancienne Grèce. Par comparaison, le prix de
entrées dans les salles non spécialisées, comme les music halls et vaudevilles,
était, au moins, le double.
[10]
Les ushers – placeurs en français –
étaient des vrais corps paramilitaires établis avec l’avènement des salles de
luxe, les palaces, en substitution des nickelodeons.
[11]
Et surtout pendant la décennie entre 1905 et 1915. Dans mon mémoire j’appelle
cette période la bataille du nickelodeon,
mais il serait peut-être plus approprié de l’appeler la guerre du nickelodeon, car elle s’initie avec la première salle
fixe et termine plus ou moins en 1915, après plusieurs combats, quand les
salles, les programmes, les films même se sont déjà consolidés sous le format
qui va prédominer pendant tout le 20e siècle.
[12]
Ces sont des concepts usuellement employés par les Cultural Studies (Hall,
Williams) d’après le concept d’hégémonie d’Antonio Gramsci.
[13]
Krakauer, Siegfried. “Cult
ofDistraction”, dans New German Critique,
vol. 40, hiver 1987.
[14] Foucault, Michel. « Des espaces
autres. » Conférence au Cercle d'études architecturales, 14 mars 1967,
in Architecture, Mouvement, Continuité, no 5 (1984): 46-49.
sexta-feira, 23 de novembro de 2018
Morte
de cineclubista
O texto que escrevi quando o Antonio Gouveia morreu (https://felipemacedocineclubes.blogspot.com/2011/01/gouveia-intelectual-organico.html) é um dos mais lidos no meu blogue, não sei por quê.
O Gouveia foi um amigo muito próximo; não fui capaz de produzir um artigo com
o mesmo grau de envolvimento – meu – e de interesse para os leitores quando da
morte do Luís Orlando da Silva, expoente do cineclubismo baiano e da
solidariedade cineclubista (e humana) com quem convivi bem menos. Cada vez que
se vai um cineclubista importante, que fez uma contribuição significativa para a
edificação do cineclubismo brasileiro, é muito relevante assinalar essa
trajetória, incorporar essa memória à identidade de um movimento social e
cultural mais que centenário e, no entanto, sempre pouco valorizado,
praticamente desconhecido na memória coletiva. E isso não apenas no nível mais
institucional, mas também entre os próprios cineclubistas que, em ciclos muito
curtos, parecem esquecer tudo, e recomeçam sem cessar – e sem continuidade - o
cineclubismo, quer dizer, essa experiência coletiva, esse projeto de cinema dos
segmentos excluídos do campo dominado pelo cinema comercial.
Quando morreu o Carlos Vieira, nada escrevi. Mas,
diferente dos casos do Gouveia e do Luís Orlando, estive presente no seu
enterro, com o sempre companheiro Frank Ferreira. Foi uma experiência muito
especial, muito marcante para nós dois, creio. Como muitos sabem, o Carlos
Vieira foi um grande cineclubista, cujas ações marcaram o movimento desde o
início dos anos 50 até o final dos 70. Em 1956, foi o grande motor da criação
da primeira entidade representativa dos cineclubes brasileiros, o Centro dos
Cineclubes de São Paulo – cuja influência se estendia bem além do estado. Ele
presidiu a entidade até 1975, quando o Centro se transformou em Federação
Paulista de Cineclubes, que também inicialmente presidiu. Criou, junto com
Paulo Emílio Salles Gomes, o Curso de Formação de Dirigentes Cineclubistas, que
durou todo o ano de 1958 e formou toda uma geração que mais que influiu,
praticamente definiu a cultura cinematográfica na década seguinte. Foi
organizador da primeira Jornada de Cineclubes, em 1959, também feita com o
apoio da Cinemateca Brasileira (ex-Clube de Cinema de São Paulo). Nos anos em
que todos se sentiam cinéfilos, Vieira era como que o centro irradiador do intercâmbio
que ligava diversos cineclubes extremamente importantes na vida de diversas
cidades do interior paulista. Com laços familiares com Portugal, Vieira também
trocava reflexões com as publicações cineclubistas daquele país. Quando o
movimento foi perseguido e praticamente desorganizado pela ditadura militar, o
Centro de Cineclubes foi a única entidade que subsistiu, devido em boa parte ao
caráter pouco constestador de suas atividades mas que, por outro lado, acabou
garantindo uma transferência da experiência cineclubista, uma “passagem do
bastão” quando uma nova geração, de que eu já fazia parte, se apresentou.
Meu relacionamento com o Vieira foi bastante
contraditório: eu bem jovem e engajado na luta contra a ditadura; ele bem mais velho,
ligado a uma concepção estetizante, elitista e sem compromisso social. Mas o
cineclubismo nos ligava – e Marco Aurélio Marcondes também ajudou muito na
mediação dessa relação, mostrando a importância de reorganizarmos o movimento,
lá no comecinho dos anos 70, através da integração das diversas regiões do
País, mas também de todas as gerações cineclubistas e concepções de
cineclubismo. Sem a intolerância que, afinal, era apanágio do governo
autoritário. O Vieira, deslocado tanto pela idade como pela visão que tinha do
cineclubismo, acabou se afastando, quase naturalmente, certamente com bastante
generosidade e desapego. Não sem antes conduzir e presidir a primeira Jornada
organizada depois da repressão ao cineclubismo do final dos anos 60, e de lá –
em Curitiba, 1974 - ser eleito, pela última vez, presidente do recém
reorganizado Conselho Nacional de Cineclubes.
Só fui procurar o Vieira mais de 30 anos depois,
interessado em recuperar a memória e eventuais documentos do movimento. Ele já estava
bem fragilizado; certamente havia um dimensão traumática no seu afastamento de
um movimento que meio que dependeu dele durante mais de 20 anos e do qual se
afastara, ou fora afastado, há 30 anos. O Vieira tinha uma vida bem simples, centrada
no núcleo familiar; ele me lembrava um funcionário às antigas – acho que
trabalhava com contabilidade -, sempre de terno e com uma liguagem bem formal.
Mas a dignidade e a generosidade, a ausência de qualquer tipo de ressentimento
estavam ali em grau bem elevado.
Morreu pouco tempo depois do nosso encontro; ir ao seu
enterro foi quase uma coincidência. E foi uma experiência muito forte, que me
deixou uma marca permanente. A vida cineclubista do Vieira era um universo
pessoal; sua família ignorava praticamente tudo de sua trajetória. Era o enterro
do funcionário, modesto como postura, discreto, ou que fechara para todos sua
experiência cineclubista. Pouca gente: familiares próximos, um pastor, eu e o
Frank formamos um círculo pouco antes do enterro propriamente dito. O pastor –
o intelectual social ali naquele ambiente – fez um pequeno discurso, para mim
altamente insignificante, de quem nada conhecia do homem que ali estava sendo
despedido da vida e do mundo. Ninguém tinha mais nada a dizer. Ninguém, mesmo
os que talvez o amassem, ou tivessem amado, lhe dava qualquer importância.
Então, sem conseguir me conter, pedi a palavra e falei da importância que o
Vieira tinha para muita gente, para o cinema e a cultura no Brasil, para o
cineclubismo e para a memória social que ali estava sendo obnubilada. Foi uma
surpresa total. Acho, uma impressão muito pessoal, que vi algum brilho nos
olhares da viúva, da única filha, talvez de um cunhado que me chamou mais a
atenção. Um brilho de orgulho. Espero. Porque, por outro lado, o que eu senti
foi o trauma de uma vida dedicada ao cinecluubismo mas totalmente esquecida,
fundamentalmente pelo cineclubismo – pelas pessoas reais que fazem esse
movimento. O trauma, acho, vem do medo de partilhar desse mesmo destino. Um
pouco depois, por iniciativa de alguns velhos cineclubistas, demos o nome dele
para o projeto da distribuidora de filmes do movimento que nunca chegamos,
afinal, a constituir.
O Gouveia, que conviveu com muita gente até morrer há
poucos anos, certamente está vivo na memória de alguns cineclubistas, pelo
menos dos da velha guarda. O Luís Orlando deixou uma marca mais forte, tenho
certeza, porque a linhagem da sua memória não é apenas cineclubista, mas
identitária, ligada profundamente à vivência da comunidade afro-brasileira da
Bahia.
Há alguns dias recebi uma mensagem de outro amigo, lembrando outro grande cineclubista paulista. Carlos Braggio morreu em 28 de fevereiro de 2015. Imaginem, saiu uma nota em algum espaço virtual falando que ele será
muito lembrado. Como sanduíche. Carlos Braggio agora é um sanduíche com recheio
de carne seca, criado pelo meu velho amigo e que agora se institucionaliza no
City Bar, “boteco em frente ao teatro do Centro de Convivência Cultural”, em
Campinas. Acho que a homenagem vale. Já tinha um precedente, na cultura
paulista e mesmo brasileira, com o Baurú, que também homenageia um
frequentador, desta vez do Ponto Chic de São Paulo.
Conheci o Carlos Braggio na mesma época em que conheci
o Carlos Vieira. Aquele Carlos era originário de uma cidadezinha paulista, Lucélia,
e como me contou depois, cresceu num ambiente provinciano e bem conservador.
Foi no primeiro cineclube que frequentou que descobriu um outro mundo, que o
transformou. Cá entre nós, esse depoimento - que não tem nada de exceção, eu o
ouvi em várias outras ocasiões e situações - já serve para justificar nossas
vidas de militantes dessa atividade que pode e realmente muitas vezes muda a
vida da pessoas. Quando o conheci, em 1972 acho, ele era o representante do
cineclube do CCLA, o Centro de Ciências, Letras e Artes de Campinas, um
cineclube dos anos 60, com muita tradição – havia sido o principal insuflador
das atividades com o público infantil na Cinemateca Brasileira, por exemplo.
Sob a direção do Braggio, o velho cineclube se tornara moderno e engajado: o Braggio
retornava a um outro cineclube a transformação que ele próprio experimentara.
Carlos Braggio foi absolutamente essencial no difícil
processo de organização da Federação Paulista de Cineclubes, do Conselho
Nacional de Cineclubes e da Dinafilme, a distribuidora de filmes (em película,
vale lembrar) que, neste caso, o movimento cineclubista conseguiu criar e fazer
funcionar por mais de uma década. Mais velho alguns anos do que as outras
lideranças em São Paulo, a experiência e os conhecimentos do Braggio foram
indispensáveis para a organização da sede comum das três entidades que citei,
na velha Boca do Lixo, em São Paulo, no auge da ditadura. Ele organizou, em
1975, a 9ª. Jornada Nacional de Cineclubes, no vetusto CCLA (a foto mostra o
local das plenárias daquele congresso).
Paralelamente, o Braggio ajudou a criar o Museu da
Imagem e do Som de Campinas, em 1974 e, em 1977, coordenava ações culturais de
tipo comunitário na secretaria de Cultura da cidade. Mesmo depois do refluxo do
movimento cinelubista, continuou sempre estimulando atividades e instituições
culturais, festivais – de Super 8, por exemplo – assim como ações de interiorização
da cultura no plano estadual. Depois de ser Diretor de Cultura de Campinas, no
final dos anos 90, deixou sua marca no importante Centro de Convivência e na
reabertura do Teatro Castro Mendes. Mas é difícil encontrar qualquer menção ao
Braggio cineclubista na internet, por exemplo. Mesmo a “história” do CCLA e do
seu cineclube só fala do começo dos anos 60. Por que será?
Perdi o contato com o Braggio por muitos anos, pouco antes da sua morte retomamos um contato superficial pela internet. Além de
cineclubista muito importante – desses
que faz parte do panteão cineclubista de que falo no meu artigo sobre o Gouveia
– foi também um amigo muito querido e respeitado. E só tomei conhecimento da
morte dele por causa de um sanduíche! Acho que a memória, base da identidade
institucional cineclubista está precisando de novos símbolos.
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